Bulletin 2010

« Eduquer un enfant, c’est sauver un homme »

V. HUGO

Un tout grand MERCI ! Cette année encore, votre générosité a permis de soutenir l’éducation de nombreux enfants vivant dans les quartiers les plus précaires de Manille.

La Fondation ERDA garantit l’accès à l’éducation pour près de 25 000 enfants, âgés de 3 à 20 ans. Issus des milieux les plus fortement frappés par la pauvreté, les enfants qui bénéficient de cette aide sont les petits chiffonniers des décharges à ciel ouvert, les enfants livrés à eux-mêmes dans les rues, les enfants-travailleurs, les jeunes en conflit avec la loi, les enfants atteints de la lèpre, ainsi que tous ceux qui ont dû sortir du système scolaire pour des raisons familiales.

Les causes de non-scolarisation sont nombreuses : coûts du matériel scolaire et des uniformes, durée et frais de transport, insécurité sociale, catastrophes naturelles, nécessité d’un revenu supplémentaire, ...

Mais la solidarité permet de les combattre pour offrir à tous une chance de sortir de la précarité.

L’éducation extra-scolaire...

Conscients que l’éducation ne s’acquiert pas que sur les bancs de l’école, les travailleurs d’ERDA se mobilisent pour permettre aux enfants de développer leurs compétences dans divers domaines et éveiller leur sens critique. Le travail de terrain des équipes pédagogiques se concentre également sur l’environnement familial. Un enfant ne peut s’épanouir pleinement que dans un système familial propice, attentif aux besoins de l’enfant. C’est pourquoi ERDA s’efforce de travailler au maximum en relation avec les parents bénéficiaires. Un partenariat est également mis en place avec les collectivités locales ainsi que les dirigeants gouvernementaux.

Pas à pas, les éducateurs font avancer les choses.

  • En partenariat avec le Gouvernement local, 2 classes supplémentaires ont pu être construites pour accueillir de nouveaux élèves.
  • 11 jeunes en conflit avec la loi ont pu être réintégrés dans la société, 5 d’entre eux ont trouvé un emploi.
  • Plusieurs enfants en décrochage scolaire ont obtenu un certificat de scolarisation alternative leur permettant de reprendre l’enseignement ordinaire.
  • Des exercices et formations pédagogiques ont été dispensés pour les parents bénéficiaires.
  • Une représentation théâtrale a été organisée pour permettre aux jeunes de s’exprimer sur les problématiques du travail des enfants, de la vie dans la rue et de la délinquance juvénile.
  • Des dizaines d’enfants se sont mobilisés pour manifester contre le travail des enfants.
  • Les enfants ont pu faire entendre leurs voix lors d’une conférence relative aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (ODM) réunissant des personnalités importantes du secteur de la jeunesse aux Philippines.
  • Des volontaires étrangers sont venus apporter leur soutien à la Fondation.

ERDA-Tech, une école pour les besoins essentiels

Créée en 1993 par le Père Tritz, ERDA-Tech est une école qui offre aux jeunes issus de milieux fortement défavorisés l’opportunité de terminer leur cursus scolaire tout en développant des compétences techniques qui leur permette de trouver un emploi.

Bien plus qu’une simple école technique

Pour les professeurs qui y travaillent, ERDA-tech est bien plus qu’une simple école technique. C’est un véritable engagement personnel. L’éducation de jeunes en situation de grande pauvreté dépasse le cadre strict des compétences techniques à acquérir. Il faut leur redonner confiance en leur avenir. Un professeur témoigne de son engagement.

« Il m’aura fallu 7 mois pour comprendre ce mystère auquel j’ai été appelé. Issu d’une famille privilégiée, j’étais plein de confiance dans ma capacité à donner beaucoup à mes nouveaux élèves d’ERDA-Tech. Confiance enracinée dans mon éducation à l’université jésuite Ateneo de Manille et mes 5 années d’expérience à la Xavier School.

Hélas, mes théories sur l’éducation allaient s’effondrer face à la situation dramatique de mes élèves. Comment mon expérience des technologies avancées pouvait-elle s’appliquer à leurs difficultés basiques et à une école aux équipements si limités ? Comment mon désir de les aider à rêver de buts élevés répondait-il à leurs vies de misère et de privations ? J’étais confronté au vrai visage de la pauvreté: loin de se réduire au manque d’argent ou d’opportunités, c’est d’abord le manque de reconnaissance et d’encouragement à réaliser.

J’attendais un signe. Il arriva lors d’une fête. Assis à mon bureau, j’attendais que mes élèves me rendent leurs devoirs lorsque mes yeux tombèrent sur un amoncellement de canettes de boisson vides. J’étais agacé par ce désordre, pensant que personne n’avait pris la peine de le débarrasser.

Ces canettes faisaient en réalité partie intégrante de la fête et allaient bientôt devenir un superbe cône décoré de papier recyclé coloré, de coupures de journaux rouges et vertes et de petits cadeaux. La fête qui s’en suivit fut la plus chaleureuse qu’il me soit donné de vivre : chacun avait apporté des spaghettis, un morceau de poulet frit, une bouteille de soda... Ils avaient préparé des jeux et tous échangeaient joyeusement. Je reçus une belle carte couverte de mots de gratitude. A regarder de plus près, la carte n’était qu’un simple morceau de carton habilement décoré. C’est ainsi que j’ai compris le véritable sens de mon engagement à ERDA-Tech. »

Témoignage recueilli par José Maria Claro de l’Association Suisse Raoul Follereau.